Espagne : de la pandémie à une maladie endémique

Pablo Linde Madrid – 10 janvier 2022 – 05:30 ACTUALIZADO: 10 janvier 2022 – 08:35

quotidien EL PAïS

Le gouvernement espagnol annonce par le biais de son Premier ministre Pedro Sanchez, vouloir « ne plus considérer le coronavirus comme une pandémie mais comme une maladie endémique ». 

Pedro Sanchez a accordé une interview pour le quotidien El País. Dans cet entretien, il affirme que son gouvernement veut traiter le virus comme une maladie de plus et ainsi vivre avec.

L’objectif consistera à commencer à traiter la covid d’une manière plus similaire à ce que l’on fait avec la grippe : sans compter chaque cas, sans faire de test devant le moindre symptôme. L’observer comme une autre maladie respiratoire. Les autorités sanitaires espagnoles travaillent depuis des mois sur cette transition et finalisent un plan pour abandonner progressivement la surveillance universelle de la covid et passer à une “sentinelle”.

C’est celle qu’on utilise pour la grippe depuis des années. Au lieu de signaler chaque cas de covid détecté dans le pays, ce qui n’est pas viable à long terme, un groupe de médecins primaires ou de centres de santé sera choisi, en association avec des hôpitaux, de manière stratégique, pour servir de témoins. Il s’agit de créer un échantillon statistiquement significatif et réparti en points clés, comme c’est le cas avec les enquêtes, qui permet de calculer comment la maladie se propage, la plus légère et la plus grave, mais non pas par le comptage exhaustif, mais par extrapolations.

C’est une stratégie qui se prépare depuis l’été 2020. Mais la planification entre maintenant dans sa phase finale. Les responsables du Centre de Coordination d’Alertes et Urgences Sanitaires (CCAES); ceux de la Conférence d’Alertes, où sont représentés des techniciens de toutes les communautés autonomes; et ceux du Centre National d’Épidémiologie (CNE) plusieurs réunions sont prévues cette semaine pour discuter de ce changement de philosophie : quand et comment il sera mis en œuvre ; il n’y a pas de date, mais il n’est pas prévu avant la fin de cette sixième vague.

“Maintenant, étant donné l’énorme transmissibilité de la covid, il est très difficile de respecter strictement les protocoles de surveillance universelle, il devient impossible”, explique Amparo Larrauri, responsable du groupe de surveillance de la grippe et d’autres virus respiratoires du CNE. En fait, les protocoles ont déjà commencé à se détendre et les tests ne sont plus requis pour les contacts directs des positifs s’ils ne présentent pas de symptômes.

Omicron semble plus adapté à se répliquer dans la partie respiratoire élevée, au détriment du poumon où il entraînait la maladie grave. Et compte tenu de la grande transmissibilité, il y a une plus grande proportion de personnes avec une immunité naturelle ou renforcée, dans le cas des vaccinés”, assure-t-il.

La tentation de comparer la covid à la grippe a commencé au début de la pandémie. Il était alors fait pour minimiser la gravité d’un nouveau coronavirus qui s’est révélé être beaucoup plus dangereux. Mais à mesure qu’il se propage, il s’adapte à l’être humain et à lui, le taux de létalité devient de plus en plus similaire à celui de la grippe. “Le problème est que le nombre de contagions est encore beaucoup plus grand, nous sommes dans une pandémie pour quelque chose, donc il va donner plus de problèmes”, explique Garcia Sastre.

Après la sixième vague, cet expert voit peu probable que d’autres inquiétantes se répètent jusqu’à l’hiver prochain, et augure qu’elles commenceront à se stabiliser, à créer des épidémies saisonnières. “Il semble que le virus atteigne un équilibre, comme il l’a fait avec la grippe; par exemple, l’auteur de la pandémie de 1918, qui au début a causé de nombreux décès, mais après deux ou trois ans s’est posé comme un virus saisonnier”, ajoute le virologue.

Pour le moment, Garcia Sastre mise sur le fait de continuer à rapporter tous les cas, surtout pour savoir quand ils commencent à baisser. Mais à partir de là, continuer “avec prudence, mais pas autant que jusqu’à présent”. Tout pronostic, avertit-il, doit être pris avec prudence. Pratiquement personne ne prévoyait une sixième vague de l’ampleur de celle qui a causé l’OmicronO.

Selon Iván Sanz, responsable du Centre National de la Grippe à Valladolid, le cri de la covid, arrivera probablement à un certain moment cette année : “Ce n’est pas encore le moment, nous sommes en pleine vague et ne saurait se justifier. Mais au fil du temps il faut normaliser et surveiller la covid comme les autres maladies respiratoires, avec des médecins sentinelles de primaire, qui diagnostiquent le syndrome clinique; faisant PCR aux hospitalisés et en continuant avec l’étude du virus pour vérifier comment il mute”.

Reste à convaincre les partenaires européens comme le souligne le chef du gouvernement socialiste : « nous devrons aussi mener ce débat au niveau européen ».

La surveillance du virus va donc évoluer d’ici les prochaines semaines en Espagne.

El País 

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