Pourquoi le pouvoir politique est-il malade ? Par Ariane Bilheran

Ariane Bilheran est normalienne (Ulm), psychologue clinicienne, docteur en psychopathologie, chargée de cours à l’Université, auteur, conférencière, consultante. Spécialiste du décryptage des abus de pouvoir et de la manipulation des foules.

Auteur de plus de vingt-cinq ouvrages, ses domaines d’expertise sont le harcèlement, la paranoïa, les déviances du pouvoir et la reprise de son pouvoir personnel. Ses derniers ouvrages : 

  • Bilheran A. 2022. Le débat interdit, Guy Trédaniel éditions.
  • Bilheran A. 2022. Chroniques du Totalitarisme. Psychopathologie du totalitarisme, auto-édition Bookelis.

Cet article résume l’interview d’Ariane par Laetitia sur la chaîne Alliance Humaine santé internationale. Vous trouverez en bas de page la vidéo complète.

La crise sanitaire est révélatrice d’une dérive totalitaire du pouvoir 

  • Un fonctionnement pervers de l’État, des discours paradoxaux qui stigmatisent une partie de la population et génère une société divisée, des ruptures à toutes les échelles. 
  • Un endoctrinement des masses grâce à la collusion entre le politique et le médiatique ; la liberté d’expression n’existe que si elle relaie le discours officiel. Tout débat devient impossible. Ceci entraîne une perte de l’esprit critique des individus et autorise l’expression de la haine, de la délation. Les questionneurs sont de plus en plus persécutés. Une fois les opposants éliminés, la terreur totalitaire pourra se déployer. 

Ceci prouve combien notre démocratie est malade puisqu’en un instant les valeurs qui fondent notre culture se sont effondrées sans résistance, et ce malgré l’enseignement des années 30 et 40. 

Comment expliquer l’abdication des citoyens ? 

Lorsque l’humain est agressé par des chocs traumatiques réitérés, son psychisme le protège par des mécanismes de défense : 

  • le déni : incapacité de se représenter une situation car trop violente : « çà n’existe pas »
  • la banalisation : suppression des émotions et acceptation de la violence « çà n’est pas si grave ». (C’est une technique utilisée sur les militaires aux USA : on les expose à une multitudes d’images violentes…)
  • la peur qui soumet l’individu, en particulier la peur de l’exclusion sociale car l’humain a un besoin vital de lien social 

D’un point de vue psychologique ces mécanismes de défense conduisent à commettre des actes non acceptables en d’autres temps ; par exemple le refus de soigner et l’adhésion à cette idée amènent notre société vers la non assistance à personne en danger, à la complicité de meurtre. Il s’agit d’une régression psychique liée aux traumatismes et aux violences subies. 

Aujourd’hui notre responsabilité humaine est d’être conscient que nous pouvons à tout moment être victime de cette régression, que nous avons en nous cette possibilité de devenir monstrueux, notre combat pour l’humanité est de faire taire en nous cette part monstrueuse. 

Le harcèlement : outil du totalitarisme et de son maintien 

L’objectif du harcèlement est de soumettre l’individu à la ligne unique sinon de le casser ; le régime totalitaire refuse la contestation, la diversité de pensée qui est la richesse de notre humanité (étymologie de “harceler” : “herser” pour égaliser un champ)

Le harcèlement des personnes qui ne rentrent pas dans l’endoctrinement est une technique de soumission par la contrainte en utilisant la peur, la culpabilité, le chantage, la séduction, afin d’obtenir quelque chose contre le gré de l’individu : c’est une forme de violation de son consentement . Par exemple il s’agit de le mettre face à un choix éthique impossible (exemple : trier des patients). La culpabilité qui suit fait que la victime soumise justifiera l’injustifiable. Pour casser la personne des techniques d’agression différentes sont utilisées sur la durée et de manière répétée. Cette technique insidieuse conduit la personne à s’autodétruire, à force de chocs, d’exclusion, de dénigrements, de discrédit et de calomnie, elle finit par culpabiliser et se harceler elle même.

Il y a harcèlement d’Etat s’il y a une faille de l’autorité qui permet la multiplication de petits chefaillons harceleurs ou quand il y a excès d’autoritarisme. Or nos institutions ne remplissent plus leur fonction d’autorité bienveillante, elles obéissent désormais à la loi des copinages. L’autorité démocratique s’inscrit dans une garantie pyramidale et dans une temporalité : une référence à un avant auquel la société est redevable et à un après auquel elle a la responsabilité de transmettre un héritage. Dans l’état totalitaire cette temporalité n’existe pas car il se nourrit de la destruction de la culture, inventant du nouveau en détruisant l’ancien.

La perte de confiance dans l’État et brisure du lien social 

La dérive totalitaire impulsée par en haut se diffuse dans la population qui la relaye

Les institutions ne remplissent leur rôle de médiateur et deviennent des instruments de propagande. Les excès de l’un entraîne les excès de l’autre : c’est l’effet miroir : d’un coté passion de l’ordre et contrôle des populations ; de l’autre passion pour la liberté qui peut aussi prendre des aspects totalitaires. L’utopie qu’on pourrait se passer du pouvoir engendre des abus de pouvoir. 

Les individus se radicalisent. On se méfie de tout, on désigne l’ennemi ; des mécanismes de rejets s’enclenchent.

Les représailles contre toutes celles et ceux qui maintiennent des discours différents du discours officiel. Or les représailles s’amplifient en ce moment :

  • par la censure : pression sur organisateurs de conférences, affaire des affiches du conseil scientifique indépendant par exemple. Il faut empêcher tout autre discours 
  • par la calomnie 
  • en estampillant de “complotisme” (qu’on ne définit jamais) tout ce qui n’est pas dans la ligne 
  • par la radiation, la suspension professionnelle, les représailles financières 
  • par l’intimidation et la menace dans la vie privée, sur la famille 

Ceci est le lot commun de tous ceux qui sont compétents et qui parlent : le Pr Perronne , Louis Fouché, le Pr Raoult, Vincent Pavant, Emmanuelles Darles, Amine Umlil, Ariane Bilheran et tous les acteurs du CSI ….. comme ce fut le cas du Pr Montagnier 

Si ces discours disparaissent, la terreur totalitaire peut se déchaîner contre tous. Ce n’est pas en se soumettant qu’on sera épargné. La réponse est dans la connaissance et la reconnaissance des mécanismes de la dérive totalitaire et dans les contre-pouvoirs.

« Penser est dangereux, mais ne pas penser l’est encore plus » Hannah Arendt

1 réflexion sur “Pourquoi le pouvoir politique est-il malade ? Par Ariane Bilheran”

  1. Il faut donc chasser ce pouvoir totalitaire….
    Mais comment?
    Cette question devrait être au cœur de toutes les discussions.

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